Drôle de vision

L’autodérision est une composante majeure de ce domaine aux contours flous que l’on appelle l’humour. Maître Canne, qui a l’esprit vif et volontiers calembouresque est doué d’une forte propension à rire. C’est un atout pour qui est privé de la vue, et doit donc imaginer sous leur aspect le plus plaisant les situations réelles ou rêvées qui jalonnent sa vie, à l’insu de ses pleins yeux. Drôle de vision, que ce cinéma interne.

Résolument tourné vers les autres, Maître Canne vous raconte dans un livre de souvenirs, d’anecdotes, mais aussi de réflexion, les aventures comiques ou déplaisantes, voire scabreuses, que vit un “miraud” curieux de cerner la nature humaine. Et il a été comblé dans ses observations.

Il pense sincèrement qu’il y a toujours matière à rire.

 

Il faut effectivement une bonne dose d’autodérision pour n’avoir que de drôles de visions. D’ailleurs, il professe que son regard amusé, parfois ironique, et pourquoi pas caustique, sur lui-même, dédramatise sa situation d’handicapé visuel, et c’est lui qui qualifie son introspection de drôle de vision !

Drôles de visions :
les clins d’œil de Maître Canne.

Chez les mirauds, chacun voit minuit à sa porte,

Un aveugle ne s’ennuie jamais. Il ne voit pas le temps passer,

Le vieux chanteur se rendit compte qu’il vieillissait, car il ne voyait plus son nom en haut de l’affiche.

TRONANT COMME UN ROI

Cette année-là, il avait été convenu que nous passerions les fêtes de Noël en famille, dans le sud de la France. Vous ne serez pas très étonnés si je vous dis que le 24 décembre, comme nous devions changer de train à Lyon Part Dieu, on nous a annoncé une grève surprise affectant les TER.

 

À l’arrivée du seul train prévu avant quelques heures, inutile de préciser que le quai était bondé. Quant au convoi, il comptait tout au plus 5 voitures. Grâce à l’influence non négligeable de ma canne blanche, nous avons fini par grimper, mais il a fallu rester debout dans le soufflet, couloirs et compartiments étant déjà surchargés par les premiers assaillants.

 

Au bout de quelques minutes, un brave homme s’avisant de ma situation précaire de pauvre handicapé, m’a fait remarquer que je pouvais de droit bénéficier d’une place assise. D’autorité, il m’a pris le bras, bien décidé à faire appliquer le règlement.

 

Comme toujours en pareil cas, je craignais de devoir me frayer un chemin entre des voyageurs maugréant, serrés les uns contre les autres, obligé d’enjamber valises, paniers à provisions et paquets-cadeaux, pour finir assis à la place d’un passager déjà contrarié par un mouvement social imprévu. Il n’en fut rien. Mon guide velléitaire et bienveillant ouvrit tout simplement la porte des toilettes et, abaissant le rabat, me fit prendre place sur un siège classé ni en première, ni en seconde classe.

J’ai terminé le voyage «  trônant comme un roi ! ».

 

Extrait du livre de Maître canne « Tous feux éteints ou ECCE miraud » à la vente dans « Nos Créations »

Photo de Maître Canne au milieu des pouces de cannes à sucre

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